mnmlist: Le vrai coût des choses

Traduction de http://mnmlist.com/the-true-cost-of-stuff/.

Nous pensons souvent à réduire ce que nous achetons parce que nous aimerions devenir frugaux, et économiser de l’agent. Et je suis à fond pour ça.

Mais il y a plus à propos d’acheter moins. Beaucoup plus.

Le coût d’un achat n’est que le sommet de l’iceberg. Lorsque nous achetons quelque chose, nous le ramenons chez nous, dans nos vies, nous endossons la responsabilité de la vie d’un objet supplémentaire dans ce monde.

La vie d’un objet ? Tu es sûrement devenu fou, Leo.

C’est tout à fait possible que je le sois devenu — après tout, je me parle à moi-même dans ce billet. Mais entendez-moi, Ô hypothétique lecteur dans mon esprit.

Un objet n’est pas né dans un magasin. Il est né dans la forêt (si c’est du bois), dans les mines (si c’est du métal), dans les profondeurs du monde (si c’est à base de pétrole comme le plastique, les textiles synthétiques et consorts), ou peut-être dans les trois endroits si c’est une combinaison de matériaux. Il est né lorsque ces ressources naturelles ont été minées ou récoltées (onéreusement et à grand coût pour l’environnement), puis transportées vers une usine quelque part, une usine qui pollue, inévitablement. Il est confectionné et assemblé (souvent dans plusieurs usines), puis envoyé à travers différents systèmes de distribution, pour arriver enfin jusqu’au détaillant.

Je dis enfin, mais c’est loin d’être la fin. La vie de l’objet n’a fait qu’arriver dans nos vies, alors que nous avons déjà payé pour la destruction de notre Terre juste pour le posséder.

Maintenant nous devons le ramener à la maison, en continuant à polluer, consommer et payer — payer pour le prix du carburant et de l’entretien de notre moyen de transport, à moins que ce soit à propulsion humaine, ainsi que pour le coût en temps, de précieuses secondes de nos vies que nous ne récupèrerons jamais.

Une fois tout ceci dépensé, il occupe maintenant de l’espace dans notre maison (ou bureau), espace qui pourrait être utilisé pour vivre, ou espace que nous pourrions abandonner si nous avions moins de choses et une maison plus petite. C’est d’ailleurs un espace qui est vraiment coûteux : nous payons des prix exorbitants pour posséder ou louer nos maisons, et chaque mètre carré nous coûte de notre précieux temps occupé à travailler pour gagner l’argent nécessaire à cet immobilier. Et je ne parle que du loyer ou du crédit. Ajoutez le prix de l’énergie ou du gaz pour chauffer ou climatiser cette maison, le coût de l’entretien de cette maison, et le temps passé à entretenir, nettoyer, ranger et organiser cette maison et les choses qui sont à l’intérieur.

Et encore, nous n’avons fait qu’écorcher la surface. L’objet, si il est électronique, nécessite du courant. Tout le temps. L’objet nécessite de l’entretien. Allumé et éteint, nettoyé, huilé, et du soin pour ne pas le casser. Et voilà pour d’autres précieuses secondes, précieux euros. Si c’est du bois, du métal ou du verre, il faut le polir. Il risque de se casser et d’avoir besoin d’être réparé. Nous devons stocker sa garantie quelque part, et ne pas l’oublier (d’autres cycles mentaux utilisés). Nous aurons peut-être besoin d’outils spéciaux pour cet objet, des produits d’entretien, d’accessoires. Toutes ces choses demandent de l’espace, de l’attention et de l’argent.

Et pourtant, nous n’en sommes pas encore à la moitié. Je vous épargne le reste de la narration et vous dresse une simple liste :

  • Ça encombre votre espace, c’est source de distractions et de stress.
  • On doit sans cesse le déplacer pour atteindre d’autres choses, le nettoyer, organiser, peindre les murs, décorer ou réarranger.
  • On doit le prendre avec nous si on déménage, voire même si on voyage. C’est un tas de soucis et de coûts.
  • On doit souvent payer pour le stockage supplémentaire, sur notre terrain ou dans un garde meubles.
  • Si ça casse, on doit le ramener au réparateur.
  • Si on a des enfants ou des animaux domestiques, on s’inquiète qu’ils le cassent, ou on doit les gronder parce qu’ils n’en ont pas pris soin.
  • Si on s’y habitue et que ça casse, on le remplacera parce qu’on pense en avoir besoin.
  • Si ça vieillit et s’abîme, il faut galérer avec un objet qui fonctionne mal.
  • Avoir trop de choses est pesant émotionnellement.
  • On s’attache à nos affaires, provoquant un cas de conscience lorsqu’on envisage de l’abandonner (qu’on finisse par s’en séparer ou non).
  • Si on a trop d’affaires, nous vivons à l’étroit, et n’avons pas beaucoup de place pour nos autres affaires.
  • Trop d’affaires sont à l’origine de plus de désordre, qui rends le ménage plus difficile.
  • On risque de trébucher dessus et de se blesser.
  • Si on ne trébuche pas dessus, on doit faire attention à chaque fois qu’on passe à côté.
  • Si on a dû s’endetter pour l’acheter, on doit gérer toute la peine et les soucis de cette dette, ajoutée à d’autres dettes.
  • Même si on ne s’endette pas, il y a le fardeau supplémentaire de devoir gérer la transaction financière dans nos comptes ou logiciels de comptabilité, ou la concilier avec le relevé bancaire. Et encore, on en prends souvent même pas la peine, parce que c’est trop pénible.
  • Ça nous procure un faux sentiment de sécurité.
  • On a moins de temps à passer à faire des choses, ayant à se soucier, nettoyer, entretenir, utiliser et travailler pour se payer ces choses.
  • À un certain stade, on doit se préoccuper (et dépenser du temps et de l’argent) de s’en débarrasser. Ce qui veut dire du temps et de l’argent passés sur Ebay, Craiglist, un vide grenier, un don à une œuvre, un ami ou un parent (et le fait de devoir conduire pour cela), en prenant une annonce, traitant avec les acheteurs, et ainsi de suite. Un vrai casse tête.
  • Si vous mourrez et laissez vos affaires, vos parents devrons s’en charger. Un vrai casse tête assurément.
  • Et si, qu’on vous en préserve, une catastrophe naturelle se produit, où que votre maison est cambriolée, vous devrez gérer la perte affective de vos affaires.

Je pourrais continuer longtemps, comme vous pouvez vous en douter. Il n’y a aucun moyen de calculer le vrai coût des choses, car il est bien trop compliqué d’y mettre un prix.

Souvenez-vous de tout ça quand vous envisagez de prendre un objet — même s’il est soi-disant gratuit. Rien n’est gratuit, quand on considère tout ce qu’on vient de dire. Êtes-vous prêts à faire face à la vie de cet objet, et le pan de vie que vous allez devoir abandonner pour le posséder ?